16 jours au paradis: Tamang Heritage Trail - Langtang – Gosainkung and Helambu ridge

Introduction: Pour notre première au Nepal, nous avons choisi le parc national de Langtang au Nord de Katmandou. Nous avons sélectionné cet endroit parce que le temps de trajet pour y accéder est relativement court et c’est à défaut moins prisé que les Annapurnas ou la région de l’Everest. Cela reste néanmoins une très belle immersion dans la culture népalaise et ses montagnes de rêves.
Pour cette rando-ci nous avons décidé de nous passer de guide et d’agence de « trekking ». Cette option nous a donné plus de liberté dans nos choix de rythme de marche et d’itinéraire. En revanche, nous avons du porter tout notre matos et friandises et nous n’avions pas de traducteur. Mais ce n’était pas un problème pour nous et nous pensons avoir eu ainsi une plus grande interaction avec les habitants de ces régions.
Nous avons fait tous les préparatifs habituels et nécessaires pour ce type de voyage. Nous avons acheté l’équipement que nous n’avons pas pu prendre avec nous pendant ce tour du monde. On a aussi loué des sacs de couchage pour rester au chaud lors de nos nuits de repos. Pas besoin de tente car on fait on dort chez l’habitant. Nous avons fait le plein de barres énergétiques (hors de prix en altitude) et avons acheté 2 cartes et un bouquin pour se familiariser avec le terrain et avons glané également de précieuses information à l’association KEEP (Kathmandu Environmental Education Project). Là-bas, nous nous sommes renseignés sur les conditions dans la région. Finalement avant de partir de Katmandou, nous avons été chercher nos permis de rando au « Nepalese Tourism Board »

Transport jusqu'à Shyaphru

L’aventure commence directement dans le trajet qui va de Katmandou à Syaphru, la ville de départ des chemins de randos. Il faut 9 heures de trajet pour faire seulement 150 km. Tout d’abord sur des routes goudronnées, puis sur des routes sinueuses de montagnes, non goudronnées, étroites et vraiment en mauvaise état ! Après 5 heures de conduite, le bus s’arrête soudainement sur une section étroite en pleine montagne. La raison, un éboulement de terrain ! La route est complètement bloquée dans les deux sens et après plusieurs heures d’attente, un tractopelle commence enfin à déblayer et reconstruire la route. Mais comme il pleut de plus belle et que nous commençons à douter de la qualité des routes et notre sécurité, nous prenons nos sacs sur le dos et passons l’éboulement à pieds en espérant trouver un autre transport de l’autre coté. Après un peu de marche, on atteint le village de Thade et suivis d’autres randonneurs, nous louons les services d’une Jeep pour 250 roupies par personne. Nous atteignons finalement Shyaphru vers 20h, 13 h après être parti de Katmandou. Nous trouvons un hôtel et sommes content de ne pas avoir pris de retard sur l’emploi du temps de notre randonnée.

Tamang Heritage Trail

Ce sentier nous a fait passé 4 merveilleux jours dès le début de la rando. Même si nous sommes passé dans de très belles vallées, les grands moments de cette randonnée ne sont pas tant les vues des montagnes mais l’immersion que nous avons eu dans la tradition Tibétaine et ses charmants villages. En effet le peuple Tamang sont des descendants d’anciens guerriers Tibétains qui se sont installés dans la région il y a très longtemps. Pour ajouter à cela, on trouve dans ces régions beaucoup de Tibétains qui ont fuit leur pays à cause de l’oppression. Dans cette ambiance Tibétaine, les villages et modes de vie sont quasiment préservés et nous nous sommes sentis voyager dans le passé. Là-bas les priorités de vie sont différentes. Tout tourne principalement autour du travail qui s’effectue dans les cultures en terrasses pour fournir assez de nourriture pour la famille et se préparer aux hivers rudes. Bien sur il y a des signes de transformation à cause de l’industrie du tourisme et cela change les perspectives.

Nous avons passé une nuit sublime chez l’habitant à Gatlang (2245m), un village traditionnel avec sa belle architecture typique que l’on retrouve dans les maisons Tamang. A l’intérieur de ses maisons c’est rustique mais confortable : 2 chambres, un espace commun ou l’on cuisine et mange, tandis que les toilettes sont dehors et la douche à la fontaine commune. Le rez-de-chaussée sert de stockage ou d’abris pour les animaux de ferme.

Ensuite dans le village de Tatopani (2500m), nous avons pris plaisir à faire trempette dans des sources d’eau chaude naturelle au milieu des villageois. L’eau y est trouble et d’une couleur orange qui tache tout tissus mais cela nous a fait extrêmement du bien pour se détendre et soulager les premières douleurs de marche. Selon l’endroit dans le bassin, la température de l’eau varie de 40 degC à facilement 60degC voir plus.

Après avoir passé le col de Nagthali (3250m) ou nous n’avons malheureusement pas pu admirer les vues panoramiques à cause de la pluie et du brouillard, nous atteignons le village de Thuman. Près du temple bouddhique, nous décidons d’utiliser le petit Polaroid que nous avons amené pour notre voyage. Comme nous prenons beaucoup de photos, pourquoi ne pas en donner en échange ? Quel intérêt et succès de la part des villageois! D’abord nous avons commence avec 4 enfants mais rapidement les choses nous ont dépassées et toutes les familles et villageois sont arrivés pour avoir leur photo. Nous n’avons pas pu satisfaire tout le monde mais y gardons de bons souvenirs avec beaucoup de sourires et de splendides visages.

A la fin de ce sentier, nous avons rencontré un autre couple de Français, Deborah et Stéphane, ici pour leur lune de miel. Cette rencontre a remonté le moral à tous car à cause du temps morose de ces derniers jours, la déprime pointait du nez. Pluie, brouillard, brume, sangsues affamées, certes cela donne une atmosphère particulière et rajoute un certain charme aux vallées, mais nous sommes aussi venu ici pour les belles vues panoramiques des Himalayas ! On reste optimiste et décidons de randonner tous ensemble pour la deuxième partie de notre aventure : la région de Langtang.

Langtang

Après 4 bons jours de marche, nous sommes désormais habitués à la routine journalière. Après un réveil assez tôt, nous prenons un bon déjeuner et marchons ensuite pour environ 12 km qui se fait généralement en 5-6 heures selon le terrain. Ensuite nous explorons les alentours et nous reposons au refuge. A propos, nous sommes également devenu habile à négocier les prix des chambres et des repas. Apres tout c’est la saison-basse donc autant en profiter. Et heureusement pour nous car le plus haut nous allons et le plus cher sont les prix.

Cette seconde partie de sentier est un défi diffèrent. En effet sur le chemin de Tamang, nous avons beaucoup eu de montées/descentes en passant d’une vallée à une autre. Ici, on suit la vallée le long de la rivière et ca monte quasiment tout le temps de 2300m à 3800m. Au début du sentier, nous marchons dans une espèce de jungle si verte à cause des récentes pluies de mousson que l’on se croirait au pays des merveilles. Dans ce cadre idyllique (hormis les sangsues) nous suivons le relief qui fait de petites montées/descentes de 10 ou 20 m. Et cela rajoute beaucoup au dénivelé positif (ou négatif) de la journée et ca se sent dans les jambes !

Une fois sorti de cette jungle, nous gagnons rapidement de l’altitude pour nous retrouver encore une fois au milieu des pâturages et divers champs en terrasse. Puis nous atteignons ensuite la toundra alpine typique de ces altitudes.
C’est dans le petit village de Mundu (3550m) après 6 jours de temps morose, que nous nous retrouvons au dessus des nuages et sommes finalement bénis par un temps plus clément. Si bien qu’un beau matin, nous nous réveillons aux aurores pour admirer la vue sur la vallée et les pics Himalayens avoisinant : Balden Powel Scout Peak, Langtang II et le majestueux Ganchenpo au fond de la vallée… ce moment aussi simple soit-il nous à tous rempli de joie et de gratitude.

Apres 3 jours de marche, au file de nombreux murs de pierres et de chortens (forme tibétaine des stupas bouddhiques), nous atteignons le village de Kyanjin Gompa (3800m) qui ressemble maintenant plus à une ville avec hôtels qu’ à un village traditionnel.
A partir de 3000m, nous avons commence à écouter notre corps et faire attention au dénivelé positif que nous faisions. Certains d’entre nous ont doucement ressentis des changements du à l’altitude mais rien de bien grave : léger ressenti dans les sinues, pressions légères dans la tète et un appétit décuplé ! Avec du bon sommeil et une acclimatation appropriée, tout le groupe se porte bien.
Depuis ce village de Kyanjin, nous grimpons le mont Tsergo Ri près à de 5000m d’altitude. Sur les cartes il est indique a 4984m tandis que l’altimètre de Ludo le situe a 4900m… mystère ! Il nous faut de 4h30 à 5h30 (différents rythmes) pour faire l’ascension de 3800m à 4980m. A cette altitude nous sentons que le cœur bat un peu plus fort que d’habitude et devons prendre plus de pauses pour rattraper notre souffle. Au sommet nous savourons nos efforts et apprécions les vues avoisinantes qui vont même jusqu’au Tibet. Pour faciliter la descente et ménager les genoux, nous prenons une autre voie. Nous avons rencontré quelques difficultés pour trouver le sentier sur des pentes très abruptes mais après 3h30 nous rentrons au refuge à temps sous une météo menaçante.

Après une nuit de repos à Kyanjin, nous redescendons dans la vallée pour rejoindre Pairo (1800m) que nous atteignons après 2 jours de marche. A un embranchement, nous disons au revoir à nos amis Deborah et Stéphane qui repartent vers Syabrubesi pour reprendre le bus vers Katmandou ou on les recroisera. Cécile et moi continuons l’effort pour finir le troisième volet de notre aventure: les lacs sacres de Gosainkund suivis du retour à Katmandou via le sentier d’Helambu.

Lacs de Gosainkund et Helambu

Suivant une marche fatigante de 2 jours, nous atteignons le village de Laurebina (3910m) ou les vues sur les chaines de montagnes deviennent encore plus belles. Pour en arriver la, nous avons pris un raccourci suggéré par des locaux. On leur a fait confiance en dépits du fait que ce sentier n’était pas clairement indiqué sur nos cartes ou dans le bouquin. Ce raccourcit suivant une pente forte et en constante ascension nous a fait gagné une heure de marche. Nous sommes monté directement de 2200m à 3910m en 6 heures et demi ce qui fait pas mal pour une journée de rando, mais nos corps se sentent en pleine forme après toutes ces nuits en hautes altitudes. Un matin au réveil nous nous régalons des vues sur les Annapurnas, le Laujiwg Himal (6986m), le majestueux Manaslu (8163m), le Buddha Himal (6672m), le Ganesh Himal (7430m) et les pics de Langtang I & II. Splendides vues même si les nuages montent vite !

Apres s’être imprégné de ce moment, nous atteignons Gosainkund (4380m) et ses lacs sacrés. Cette région est très importante dans la religion Hindouiste. Une fois par an et durant la saison des pluies (plus facile tant qu’ à faire), des milliers de pèlerins viennent ici pour se tremper dans les lacs. La mythologie explique que le Dieu Shiva avait une soif d ‘enfer après avoir bu du poison. Pour se désaltérer, il prit son trident et perça un glacier pour créer ces lacs.

Nous aurions pu facilement rester plus longtemps dans ce cadre idyllique mais il nous fallait continuer vers Katmandou avant que notre visa d’un mois arrive à expiration. Nous passons le col de Laurebina (4610m) ou nous nous retournons une dernière fois pour apprécier les vues sur les Himalayas. En regardant vers l’Est nous avons même eu l’hallucination puis la désillusion de croire apercevoir le mont Everest. La prochaine fois…
Après 3 jours de descente acharnée en suivant l’arrête d’Helambu, nous retrouvons Katmandou. Ce fut une longue marche constituée de beaucoup de montée et de descentes agonisantes et ce avec des pluies diluviennes qui rendaient les chemins extrêmement glissant. Beaucoup de concentration était nécessaire pour ne pas se tordre une cheville. De plus à ce moment, nous sentions que la fatigue était la et que nos jambes étaient fatiguées. Ironiquement, le plus dur fut de marcher de nouveau sur un chemin en béton juste avant notre retour en bus à Katmandou. Un temps de trajet beaucoup plus court cette fois-ci.

Remarques :

Avec une randonné pendant plus de 200km sur 16 jours dans ce majestueux parc national de Langtang, nous étions triste de retourner dans la civilisation. Notre première expérience fut tout simplement magique au milieu les plus hautes montagnes du monde. Toutes ces régions riches en culture et traditions Tibétaines, déguster de savoureux plats locaux et tout simplement vivre au rythme journalier de marche, nous ont permis de nous libérer. Ludo pense personnellement qu’une partie de lui-même est restée là-bas... Quand vous êtes dans ces montagnes, le temps ralentis et la vie devient simple. Pas de distraction du monde extérieure. Quelle liberté ! moi j’y est laissé mes orteils (Cécile)

Infos pratiques
* Si c’est la saison des pluies ou la période de transition comme ce fut le cas pour nous, pensez à emmener du sel. Vous pouvez en mettre dans du tissu pour former un petit sac. Vous pourrez ensuite le déposer sur la sangsue qui s’en ira toute seule sans broncher. Des locaux nous ont également montré des herbes que l’on trouve le long des chemins. Nous en avons mis dans les chaussettes et chaussures tel un grigri pour se protéger du mauvais sort mais nous ne sommes pas convaincus de son efficacité. En revanche un répulsif pour insecte combine à du baume du Tigre semblaient nous aider.
* Arrêtez vous absolument à KEEP (Kathmandu Environmental Education Project) à Katmandou avant votre départ. Là-bas plein d’infos utiles et des journaux de bord d’autres randonneurs pour tout savoir ou presque. 9851032255 ou keep@keepnepal.org.np Ils vous donneront également une liste sur quoi emporter dans votre sac de rando.
* Achetez des cartes d’une échelle d’au moins 1/50000. Nous avons même trouvé des cartes à 1/25000. Cela donne des infos nécessaires pour votre topographie et navigation. Le bouquin que nous avons utilisé s’intitulait “Trekking around Langtang, Gosainkund & Helambu - Tamang Heritage Trail” des éditions Himalayan Travel Guides de Sian Pritchard-Jones et Bob Gibbons. C’est un bouquin bleu très utile et assez précis hormis une ou deux erreurs dedans.
* Pour l’eau, vous pouvez vous ravitailler aux refuges. Les locaux font apparemment bouillir l’eau mais nous ne savons pas pour combien de temps et s’ils le font tous vraiment… pour être tranquille, nous avons utilisé des tablettes de purification d’eau. Nous utilisions des gourdes que l’on remplissait avec l’eau des ruisseaux et autres cours d’eau de montagne. Vous pouvez aussi utiliser un système de filtration, mais ce n’est pas vraiment nécessaire car l’eau est très claire la bas.
* Amenez des bâtons de rando si vous le pouvez. Nous nous en sommes servi pour la première fois et n’avons pas regretté notre choix. Ca aide beaucoup dans les descentes et assiste en montée.
* Amener assez d’argent et de la petite monnaie car il n’y pas de distributeur en montagnes et les villageois ont peu de change….En moyenne pour deux personnes, nous dépensions environ 2000 rupees népalais (~16 euros) pour les repas par jour. En hors saison, on avait la chambre gratuite la plupart du temps. Si nous incluons tous les transports, les entrées au parc nationaux (6000 + 1000 rupees pour 2), les permis de rando (4000 rupees pour 2) et tous autres dépenses annexes (cartes, snacks, location de matos, etc…), nous avons dépensé en moyenne $16 par personne par jour. Donc si vous prévoyez 1500 rupees par jour par personne, ca devrait être suffisant.
* Evitez les villes étapes et arrêtez vous dans les villages qui les précèdent ou les succèdent. A Kyanjin Gompa, allez toute a l’Est du « village » pour etre loin des hauts immeubles, etre au milieu des Yaks et avoir des vues imprenables. Là-bas, on recommande la Snow Leopard guesthouse.
* Amusez vous et profitez de chaque instant !